Mort d'un manifestant à Bangui: N'Djamena dément l’implication de ses soldats. Rappel des forces en présence


N'DJAMENA, 23 décembre 2013 (AFP) - Le gouvernement tchadien a "formellement" démenti lundi l'implication de soldats tchadiens de la force africaine en Centrafrique (Misca) dans la mort d'un manifestant tué le matin même aux abords de l'aéroport de Bangui

Selon une déclaration transmise à l'AFP, le gouvernement tchadien a "formellement" démenti lundi 23 décembre, l'implication de soldats tchadiens de la force africaine en Centrafrique (Misca) dans la mort d'un manifestant tué le matin même aux abords de l'aéroport de Bangui,. "Aucun soldat tchadien n'a tiré sur les manifestants. Nous apportons un démenti formel à cette information", a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Hassan Sylla Bakari, dans un communiqué remis à l'Agence.

Plusieurs milliers de manifestants majoritairement chrétiens avaient manifesté près de l'aéroport de Bangui pour demander notamment le départ du contingent tchadien de la Misca. Deux 4X4 de soldats tchadiens arrivés sur les lieux ont été accueillis par des jets de pierre. Les militaires ont ouvert le feu, en l'air et sur les manifestants. Un jeune homme est mort, touché par balle à la tête. "Cette information est une invention d'une certaine presse qui veut jeter l'anathème sur les forces tchadiennes au sein de la Misca", a assuré le porte-parole du gouvernement tchadien, accusant les médias d'"attiser la haine entre les deux peuples frères (tchadien et centrafricain) qui ont toujours cohabité pacifiquement".

Les habitants de Bangui, ville très majoritairement chrétienne, accusent les Tchadiens de la Misca de complicité avec l'ex-Séléka. Incontournable allié de la France en Afrique centrale et au Sahel, puissance régionale, le Tchad du président Idriss Déby Itno est omniprésent en RCA depuis de longues années. Beaucoup voient la main de N'Djamena derrière la prise du pouvoir par les armes de la rébellion Séléka en mars 2013.


Reportage en Centrafrique : une manifestation dégénère - sur wat.tv"

 

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Rappel :

 

Centrafrique : Les forces en présence

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Milices rebelles des Séléka et milices chrétiennes "anti-balaka" forces armées françaises et Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca). Le point sur les forces présentes en Centrafrique. 

La France a déployé 1600 militaires en appui à une force africaine sur place, la Misca, dans le cadre de l'opération Sangaris lancée le 5 décembre après le feu vert de l'ONU. 

Expérimentées, les troupes proviennent notamment de la 11e Brigade parachutiste, avec une nette prédominance des troupes de marine. Elles sont déployées surtout à Bangui (environ un millier) avec également des unités dans l'ouest, dans la région de Bossangoa. Il n'est pas exclu que des éléments des forces spéciales aient été déployés discrètement dans d'autres régions, notamment dans le nord frontalier du Tchad et du Soudan, bastions de l'ex-rébellion Séléka. 

L'opération Sangaris dispose de huit hélicoptères et du soutien d'avions de chasse Rafale basés au Tchad voisin qui effectuent des survols en guise de démonstration de force. 

L'Union européenne soutient l'intervention franco-africaine. Londres et Berlin ont proposé une aide logistique, l'un avec un avion militaire gros porteur C-17 et l'autre via la mise à disposition de capacités de transport aérien (Airbus A310). La Pologne et la Belgique ont également promis un soutien logistique pour le transport de troupes. 

La Misca

La Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), créée le 1er août 2013, est l'héritière de plusieurs forces africaines déployées en Centrafrique depuis 2002. La plus importante, la Micopax, et sa branche militaire, la Fomac, sont déployées sur le sol centrafricain depuis 2008. Le 19 décembre, la Misca a officiellement pris le relais de la Fomac, et chapeaute toutes les forces africaines présentes dans le pays. 

Actuellement, la Misca compte plus de 4000 hommes sur place. Voici par pays, le décompte des effectifs présents ou en cours de déploiement : Burundi (850), Cameroun (800 hommes), Congo (850), RDCongo (850), Gabon (500), Guinée Equatoriale (200), Tchad (850). Le Rwanda a annoncé sa participation "avant la fin de l'année". 

Les éléments tchadiens de la Misca sont accusés par les populations centrafricaines d'être trop proches, voire complices des ex-rebelles Séléka. 

Outre Bangui (2000 hommes), les troupes de la Misca se sont déployées dans plusieurs villes de province après les massacres d'août et septembre dans le nord-ouest: 300 hommes à Bossangoa, 150 à Bouca, 150 à Bouar, 200 à Paoua. 200 hommes ont également été positionnés à Ndele, ville diamantifère du nord. 

L'effectif de la Misca, initialement fixé par l'UA à 3.650 hommes, doit finalement atteindre 6.000 hommes. 

Les ex-Séléka

Selon l'armée française, qui mène des opérations de désarmement depuis le 9 décembre, les groupes armés ont pour la plupart quitté les rues de Bangui pour être cantonnés notamment au camp Béal dans le centre de la ville. 

L'opération Sangaris vise à désarmer tous les groupes armés et milices sévissant dans le pays. Dans les faits, elle a visé en priorité les ex-rebelles de la Séléka, coalition hétéroclite à dominante musulmane de groupes rebelles. Des mercenaires tchadiens et soudanais combattent en son sein. 

Apparue courant 2012 dans le nord musulman de la Centrafrique, la coalition Séléka a pris le pouvoir par les armes en mars 2013, renversant le président François Bozizé.

D'après des estimations communiquées par le nouveau régime lors de la dissolution de la Séléka en septembre, il y aurait environ 25.000 combattants, dont 20.000 ralliés "de la dernière heure" au moment de la prise de Bangui le 24 mars. 

Certains ex-rebelles ont été intégrés dans les forces de sécurité mais à la suite de nombreuses exactions, le nouveau président et ex-chef rebelle Michel Djotodia a dissous le groupe. 

Les milices "anti-balaka"

En face, sont apparues depuis septembre, plus particulièrement dans le nord-ouest du pays, des milices villageoises d'auto-défense, appelées "anti-balaka" (anti-machette, en langue locale sango). 

Elles sont principalement composées de paysans chrétiens et de partisans de l'ancien président Bozizé, avec quelques anciens membres des forces de sécurité. 

Disposant d'un armement sommaire fait surtout d'armes blanches, ces milices évoluent surtout en brousse et sont infiltrées parmi les populations civiles dans les quartiers de Bangui, ville très majoritairement chrétienne, dans un pays lui aussi à 80% chrétien. Peu structurées, sans hiérarchie claire, les milices anti-balaka sont responsables de nombreuses attaques contre les civils musulmans, dans la brousse comme à Bangui. L'armée française tente actuellement de les désarmer.